Industrie saisonnière : pour en finir avec le «trou noir» de l’assurance-emploi
- Action-Chômage Côte-Nord
- 31 janv.
- 3 min de lecture

[Publi-reportage paru dans Le Soleil] Nathalie habite sur la Basse-Côte-Nord. Elle travaille normalement de 24 à 26 semaines par année, ce qui lui permet de se qualifier à l’assurance-emploi en fin de saison. Mais cette année, le taux de chômage dans sa région fait en sorte qu’elle ne peut se qualifier que pour 18 semaines de prestations. Pas assez pour « faire le tour ». Elle devra donc s’endetter ou aller vivre ailleurs.
L’approche du régime d’assurance-emploi canadien est brutale vis-à-vis les employés de l’industrie saisonnière régionale. Afin de défendre les droits des travailleuses et travailleurs œuvrant notamment dans les secteurs pêcheries commerciales, foresterie, tourbières, bioressources, récréotourisme, hébergement, restauration, pourvoiries, etc., deux organismes se sont fixés pour objectif de leur donner une voix au chapitre. Il s’agit de l’Alliance Interprovinciale formée de groupes communautaires et de syndicats de l’Est du Canada et d’Action-Chômage, un mouvement citoyen actif partout au Québec.

Pourquoi les travailleuses et travailleurs de l’industrie saisonnière ont-ils besoin de considérations spéciales en matière d’assurance-emploi?
Rappelons d’abord que c’est l’entreprise qui est saisonnière et non pas l’employé. Compte tenu, notamment, des variations climatiques particulières à notre pays, l’industrie saisonnière constitue une réalité inhérente à l’économie canadienne. La saisonnalité de l’emploi est un trait caractéristique de certaines entreprises. On estime que dans plusieurs régions du pays, environ un tiers des emplois disponibles sont saisonniers. Ces travailleuses et travailleurs sont sujets à être affectés par le fameux « trou noir » de l’assurance-emploi, c’est-à-dire une période pouvant aller jusqu’à 18 semaines sans prestations.
Quels sont les principales défaillances du régime d’assurance-emploi vis-à-vis les employés de l’industrie saisonnière?
La délimitation des régions économiques selon le taux de chômage affecte directement les employés de l’industrie saisonnière régionale, puisque ceux-ci doivent travailler plus longtemps pour recevoir moins de prestations. L’aberration du système présentement en place fait en sorte que sur la Côte-Nord il fallait 700 heures de travail pour se qualifier à l’assurance-emploi alors qu’il en fallait 630 en Gaspésie et 595 à Toronto ! Où est la logique ? Le régime fonctionne à l’envers ! Il est insensé d’avoir à travailler plus d’heures à Baie-Trinité qu’à Toronto pour se qualifier. Tout le monde réalise qu’il est plus facile de se trouver un emploi dans une grande ville que dans une région où les employeurs ferment leurs établissements dès l’automne. Pourquoi le gouvernement ne comprend-il pas une telle évidence? Alors que le régime devrait refléter la réalité des régions, il ne le fait pas! Résultat : les gens s’en vont! Ils abandonnent le territoire.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les employés de l’industrie saisonnière régionale?
Le régime d’assurance-emploi comporte de nombreuses embûches et complexités administratives destinées – semble-t-il – à décourager les prestataires. Ainsi, en Minganie, il faut non seulement avoir travaillé plus d’heures pour se qualifier, mais il faut aussi faire la preuve qu’on a soumis une demande de prestations trois années consécutives pour être reconnu comme travailleur de l’industrie saisonnière. Et pas question d’absence brève ou prolongée, quelle que soit la justification, l’urgence ou l’impondérable. Dans sa forme actuelle, le régime est injuste, tendancieux et semble vouloir punir, les travailleuses et travailleurs œuvrant en région.
Quelles sont les demandes de l’Alliance Interprovinciale et d’Action Chômage?

Les demandes de nos organismes sont simples : une mesure permanente offrant une bonification de 15 semaines supplémentaires pour tous les travailleuses et travailleurs de l’industrie saisonnière régionale ainsi que l’élimination du calcul selon le taux de chômage régional. Nous demandons aussi que le critère de « saisonnier » soit basé sur l’emploi lui-même, et non sur le parcours et l’historique de chaque personne. Plus que jamais, nous demandons qu’une réforme complète de l’assurance-emploi soit à l’ordre du jour afin de traiter les problèmes en profondeur et non pas à coup de « mesurettes » temporaires, mal conçues et inefficaces.
Pour les employés de l’industrie saisonnière, le régime de l’assurance-emploi est un échec! Il faut mettre fin au dysfonctionnement de ce régime et lui permettre de remplir son rôle de filet social! Il faut cesser d’accumuler les complexités administratives et les disparités régionales, et mettre en place des solutions réalistes et permanentes afin de permettre aux employés de l’industrie saisonnière de VIVRE DANS LA DIGNITÉ!
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