Pourquoi suffit-il d’une cenne noire pour mettre fin au Trou Noir?
- Action-Chômage Côte-Nord
- il y a 5 heures
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Depuis le lancement de notre campagne Une cenne noire contre le Trou Noir, mi-novembre, on nous questionne sur cette étonnante vérité : est-ce qu’un simple sou serait vraiment suffisant pour soutenir les travailleurs de l’industrie saisonnière toute l’année? Voici donc quelques détails de nos calculs pour démontrer encore une fois que le problème n’est pas tant monétaire, mais bien politique!
Le Trou Noir, qu’est-ce que c’est?

Pêche, poissonnerie, pépinière, plantation d’arbres, tourisme, hébergement, pourvoirie, lutte contre les incendies… : une grande partie de l’économie nord-côtière est par nature saisonnière. Une enquête menée en 2022 avait révélé qu’environ le tiers des employeurs (32,4 %) de la côte nord ont recours à des emplois saisonniers. Dans la MRC de la Haute-Côte-Nord, c’est même un emploi sur cinq qui est saisonnier.
Malheureusement, le régime actuel de l’assurance-emploi ne permet généralement pas aux travailleuses et travailleurs de l’industrie saisonnière de vivre toute l’année en région : entre la fin des prestations de l’assurance-emploi et le début de la nouvelle saison, s’écoulent plusieurs semaines sans aucun revenu, c’est le fameux Trou Noir! On estime qu’il faudrait entre 8 et 15 semaines supplémentaires de prestations pour soutenir les travailleurs jusqu’à leur prochaine saison de travail.
C’est pourquoi Action-Chômage Côte-Nord estime qu’il est nécessaire d’octroyer aux travailleurs de l’industrie saisonnière une protection supplémentaire de 15 semaines.

Un projet-pilote imparfait de 5 semaines supplémentaires
Grâce au travail acharné d’organismes comme Action-Chômage Côte-Nord et ses alliés de l’Alliance Interprovinciale pour l’Assurance-Emploi, le gouvernement semble avoir compris en partie le problème. Depuis 2018, les travailleurs qui répondent à certains critères de saisonnalité obtiennent 5 semaines supplémentaires de prestations grâce à un projet-pilote, reconduit année après année.
Le point fort de cette projet pilote :
Il permet à une partie des employés de l’industrie saisonnière de bénéficier de 5 semaines supplémentaires de prestation. Pour certains, cela suffit à empêcher le Trou Noir, pour d’autre, cela le réduit.
Les points noirs de ce projet pilote :
C’est une mesure temporaire, qui n’offre pas de sécurité économique aux travailleurs de l’industrie saisonnière;
Il existe un grand nombre de critères précis pour prétendre aux semaines supplémentaires (il faut habiter l’une des 13 régions économiques concernées, avoir un historique d’au moins 3 demandes de prestations régulières au cours des 5 dernières années, dont au moins 2 autour de la même date que la demande actuelle). Ces critères laissent de côté un grand nombre de travailleurs, notamment la relève;
Le bonus de 5 semaines est insuffisant pour combler le Trou Noir. Sur le terrain, on remarque que c’est 15 semaines supplémentaires qui mettraient le monde à l’abri.
Passer de 5 semaines à 15 semaines couterait seulement une cenne!
Selon les chiffres du ministère, le projet-pilote actuel, avec ses cinq semaines de plus pour le travail saisonnier, coûte environ 125 millions $ par année. Si l’on augmente cette couverture à 15 semaines supplémentaires, l’estimation du coût du projet serait autour de 250 à 300 millions $. La somme n’est pas triplée, car en réalité, tout le monde n’aura pas besoin de 15 semaines et certains travailleurs reprendront le travail avant d’avoir utilisé ces semaines de bonus.
Si ce chiffre parait important pour votre porte-monnaie, il est infime au regard du pays. Pour rappel, le budget fédéral du Canada 2025-2026 est de 586 milliards $, cela représente donc 0.05% du budget global du pays. De toutes manières, faut-il le rappeler? L'argent des prestations vient des poches des travailleurs et des employeurs qui cotisent pour ce filet social!

Concrètement, porter le projet-pilote de 5 à 15 semaines (et mettre fin au Trou Noir pour la grande majorité des travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière qui font vivre l’économie de nos régions!) coûterait juste 0.01$ de cotisation supplémentaire par tranche de 100$ de revenu taxable.
Par exemple, pour un travailleur dont le revenu annuel de 45 000$, cette mesure couterait environ 4.50$ de cotisation supplémentaire PAR ANNÉE.
Vous trouvez notre demande raisonnable? Nous vous invitons à apporter symboliquement une ancienne pièce de 1 cent pour appuyer la revendication d’un régime d’assurance-emploi plus juste et équitable. Ces pièces seront apportées à Ottawa au printemps pour exiger la fin du Trou Noir!





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